Judo mental


Novembre.

Novembre, son froid, son gris, ses jours de plus en plus courts, la nécessaire adaptation au passage à l’heure d’hiver et les réflexes d’hibernation de l’ours que je devais être dans une autre vie.

Novembre et ma dépression saisonnière.

Ça fait quelques années maintenant que j’ai (enfin !) remarqué ce marronnier et que je cherche des parades ; celles tentées jusqu’alors fonctionnent peu.

Cette année, j’ai préparé ce mois honni en emmagasinant des habitudes qui répondent à mes besoins en terme d’équilibre (sport, gestion de l’alimentation (éviter les aliments doudou de 23h00 surtout), faire les choses (même lentement)), afin de bénéficier d’un effet d’inertie propre à le passer, ce mois honni, en évitant autant que faire se peut d’impacter mes différentes vies : ben oui, quand tu n’es plus capable pendant quatre ou cinq semaines de t’investir à plus de 10% (et encore, je suis large) dans tes différents cercles (le boulot, la famille, les projets, ta maison, etc., etc. …), que même tu es dans une logique de fuite, le retard que tu prends devient plus que considérable et cette considérabilité (oui, mon amour des néologismes ne se dément pas)(ou ma flemme de trouver le mot juste)(au choix) devient rapidement un handicap lourd quand tu reprends enfin du poil de la bête et que finalement tu dois mettre les bouchées doubles (littéralement !) pour rattraper ce retard ET faire front aux exigences de cet alors sensément plus serein.

Bon. J’ai été malade une semaine, celle qui précède novembre : pas de sport, sommeil de merde, alimentation de merde. YOLO !!

Donc, force est de constater que même si je suis moins atteint que les dernières années, ce n’est pas suffisant pour m’éviter de me casser la gueule à moyen terme.

Il semble donc que je doive réfléchir à un plan B.
Si les précédentes expériences mettaient en évidence que s’arcbouter (parce que jeneveuxpasrevivrelamêmechosequilya14ans jeneveuxpasrevivrelamêmechosequilya14ans) sur le problème tendait à accentuer le mal-être –car échec = culpabilisation = mal-être = augmentation des conduites compensatoires (coucher tardifs, bouffe doudou, paradis virtuels) = augmentation de l’échec = sur-culpabilisation = augmentation du mal-être = sur-augmentation des conduites compensatoires = etc. = etc. = … -, peut-être est-il nécessaire de renverser cette logique.

Je vais l’accueillir, cette dépression saisonnière, la reconnaître pour ce qu’elle est et tacher de la rendre motrice plutôt que de la laisser m’immobiliser.

Ah. Ecris comme ça, c’est beaucoup moins clair que le ressenti que j’en ai.

Disons que si je la traduis comme un vague à l’âme, un spleen, une mélancolie, alors je peux m’en servir. Peut-être qu’une partie du temps que je dois consacrer aux trucs d’adulte, je peux m’en servir sur des activités qui correspondent à cet état d’esprit.
L’introspection, déjà.
Le vautrage dans les madeleines proustiennes (musiques, lectures, blogs) aussi.
Le coconnage itou.
La création.

En tout honnêteté, j’ai déjà commencé.

Maintenant, il va falloir respecter cette espèce de contrat passé avec moi-même : si tu parviens à te faire du bien avec cet état d’esprit, tu ne dois pas oublier le reste, l’IRL, et tu dois avancer.
Pas à pas.
Au pas en l’occurrence.
De manière à réduire l’impact de cette période de latence.

Donc, si je suis d’accord avec moi, je considère que cette journée était la dernière qui aura été amorphe sur cette période (une semaine et demi, c’est déjà trop).

On en reparle demain ?