J’ai fait la guerre …

Comme je l'écrivais dans >le billet qui défendait l'émission dèmcisse (nan, ne me jetez pas de pierres, boûh, je m'excuse, je ne le ferai plus :-D ) des propos désapprobateurs, rejetants et cyniquement réfléchis de Monsieur Khaos Farbauti Ibn Oblivion (je ne dis pas Monsieur par mépris, mais parce que, pour le Fauve, je suis sincèrement converti *génuflexion* ), les ondes hertziennes, dans leur infinie bonté, permettent parfois à mes enfants de profiter de notre parentale autorisation pour regarder le matin quelques dessins animés sur la télévision siégeant fièrement, du haut de ses trente centimètres, sur la commode de la chambre conjugale.

Et ben, vous savez quoi ? A chaque fois, ça me rappelle mon service militaire …


J’aurai pu vous la jouer : « voyons voir si vous êtes capables de deviner pourquoi », mais la raison en est tellement improbable (et donc, a priori, introuvable (à moins que vous ne soyez un mec qui ait fait son service militaire avec moi)) que ça n’en serait plus un jeu (Bah oui, les jeux comme ça, faut que ça soit faisable … hein Khaos ? ;-) ). Enfin bref, donc, pas de devinette …si ? non, alors …

Or donc, comme je le disais plus haut, j’ai fait mon service militaire, et ce, dans la très belle ville de B.-B., à un moment de ma vie où ça tombait plutôt bien pour passer dix mois aux frais de la princesse (la princesse exigeant très fermement, bien sûr, la rangérisation des pieds (j’en aurais mis au moins une fois dans ma vie), la couleur kaki et le port ras du poil de tête (bêêêh, pas beau :-( ) à faire le point sur ce que je voulais faire dans ma vie, parce que décidément, l’avenir d’ingénieur que certains m’avaient tracé était très loin de mes attentes existentielles.

D’aucuns se disent peut-être que faire son service en Allemagne, ça équivalait au bagne …
Que nenni ! En fait, c’est même le contraire :
  • je me suis retrouvé dans un escadron de transport (donc déjà, pas destiné à aller à un éventuel front, donc sans transformation ramboïène pour les appelés)
  • à passer mon permis poid-lourd (c’est toujours cool pour frimer en société :-D )
  • à être armurier (la glande une semaine sur deux, une glande telle que même bAm ne l’a jamais rêvé ;-) )
  • à tirer au pistolet et au fusil sur des cibles (la fête foraine une fois par mois)
  • à être en bonne compagnie (les appelés d’octobre étaient traditionnellement essentiellement des étudiants),
  • et même parfois, à sillonner la France en camion avec deux potes pour des «missions de transport », titre ronflant qui se résume à charger le camion de trois paquets qui tiendraient dans mon Kangoo pour les déposer à l’autre bout du pays …
  • Accessoirement, j’ai aussi pu confirmer dans les chambrées mes aspirations professionnelles.

Que du bonheur, je vous dis … ah ben non, j’exagère un peu là … trois mois auraient suffit : après, c’était bien laxatif quand même …
Ben oui, parce que, à l’armée, il n’y avait pas que des appelés, il y avait aussi des militaires, des vrais !

Alors, je ne sais pas si ça a changé avec la professionnalisation de la grande muette, mais à l’époque, le concept de «défense nationale » m’a doucement fait rigoler … il y avait dans cet escadron, une de ces bandes de branleurs, j’en-foutistes, profiteurs et alcooliques au dernier degré comme j’en ai rarement vu concentrés dans un échantillon de population aussi restreint … mais bon, passons.

Trois mois, c’était, aussi et surtout, largement suffisant pour me confirmer mon anti-militarisme de manière empirique (au cas où je n’aurais pas été sûr que tuer des gens, sémal (comme le dis Yojik)).
A d’autres, de devenir aussi abrutis et bas de front que les débiles qui nous «encadraient »

Mais je ne vais pas saouler l’éventuel lecteur de cet inutile billet avec mes «souvenirs d’armées » (Marque déposée) ; je vais donc tenter d’arriver à sa motivation première.

Tous les matins, les militaires avaient un rituel rigolo, au cours duquel les cinq pelotons (les sous-division de l’escadron) se rassemblaient de manière distincte, afin d’entendre l’inutile parole du capitaine, un saint-cyrien complètement à la masse et particulièrement … euh, sot (c’est vraiment le mot qui caractérise le mieux sa bêtise) (boh aller, je vous raconte quand même un truc, sur l’idiot de village en question (mais si, ce sera court ;-) , et ça situera bien le triste personnage) : il est venu un jour dans l’escadron avec son petit garçon, qui, à vu de nez, devez avoir quatre ans maxi. Au moment de repartir, l’enfant trébuche, et se casse la binette dans les quatre marches qui mènent à l’extérieur. Rien de grave, il se relève, mais petite frayeur et ripage de coude aidant, le bonhomme se met à pleurer … et se prend aussi sec deux gifles (et pas des «pour rire », croyez-moi) de la part de son immonde géniteur qui lui assène : « ON NE PLEURE PAS DEVANT LES HOMMES DE TROUPE ! ! ! ! ! » … ) …
Ah ben finalement, j’ai un autre mot : pauvre con d’enc** é de merde (oui, c’est grossier, je sais, c’est fait exprès, et puis c’était ça ou vomir sur mon clavier).

Enfin bon, passons.
Avant le bafouillage débile de l’autre tortionnaire (qu’est-ce qu’il est devenu ce gosse, hein ?), chaque peloton faisait l’appel en son sein, suivi d’un «cri de ralliement ». Je ne me rappelle pas de tous ces «slogans », mais pour vous donner un exemple, c’était, pour les collègues du peloton N°2 : « AU P2, ON EST PAS DES BŒUFS, ON CHASSE PAS LES MOUCHES AVEC NOS QUEUES » (en majuscule, parce que c’était beuglé par une trentaine de mâââles poitrines). Les autres pelotons avaient donc eux aussi leurs slogans dans ce genre (le pire, c’est que c’était du premier degré (sic)).

L’adjudant F., commandant de notre peloton, avait choisi le nôtre.

J’ai toujours apprécié l’adjudant F.. Loin des caricatures qu’étaient ses collègues et supérieurs, loin de celle (de caricature) de l’adjudant, sobre comme un chameau (d’ailleurs, son prénom, c’était Kamel, ça ne s’invente pas :-) ), c’était un gars droit, juste, qui faisait son boulot tout en ayant à l’esprit qu’on avait rien demandé aux appelés et qu’il n’y avait aucune raison de les considérer comme des sous-merde, bien au contraire …

Or donc, il avait choisi le nôtre, de slogan :
Il criait «marsupilami ».
Et nous, on sautait sur place en faisant «Houba Houba Houba »

...

Vous l’aurez deviné, P’tit Cœur adore l’adaptation télé des aventures de la bestiole humaniste créée par Franquin, ce grand parmi les grands, antimilitariste profond et convaincu.

L’adjudant F. était un subversif :-) .
Je le salue (non non, pas au garde à vous, mais normalement, comme quelqu’un que l’on respecte ).

Ah, sinon, jeudi, à la «nouvelle star », c’est le corse qui s’est fait dégager … ;-)