La ligne verte

Ce dimanche soir, une fois n’est pas coutume, j’ai pu regarder dans la boite à image ce que les ondes hertziennes me proposaient. Oh joie, la deuxième chaîne diffusait « La ligne verte », adapté du roman de Stephen King.

Que voilà l’excellente opportunité de commencer une rubrique qui attendait patiemment dans ma page d’administrateur (quelle pompe pour un simple blog, le mien d’autant plus !) que je veuille bien me sortir les doigts du fondement afin de pouvoir vous assener, non pas des « ouah, ça j’aime trop bien ! ! ! !» , mais plutôt un conseil avisé, éclairé et adulte de lecture, pouvant se résumer à « Lisez ceci car sinon, vous n’aurez rien lu, vous serez la risée de vos voisins, vous allez perdre au loto et vous risquez la damnation éternelle. Vous passerez par ailleurs dans une émission de julien courbet ». Mais non, je ne vais pas du tout faire du prosélytisme sectaire …

Mais bref, trêve de digression, « la ligne verte », donc …
Si vous ne connaissez pas, quelques lignes sur l’histoire :
Dans une maison de retraite, un vieillard narre l’expérience qu’il a vécu alors qu’il était gardien de prison, et plus précisément, responsable du bloc des condamnés à mort.
Son récit porte sur la période durant laquelle il a « accueilli » un condamné étrange, un colosse reconnu coupable du viol et du meurtre de deux fillettes, et doté de certain pouvoir …
Ce dernier mot pouvant être un repoussoir pour certains lecteurs, rappelons que c’est quand même King qui a écrit le bouquin et forcément (encore que !)(pour ceux qui connaissent « Différentes saisons »), il y a un peu de fantastique dans ce récit.
Pourtant, comme pour certains de ses romans ou nouvelles, le fantastique n’est qu’un moyen, une enjolivure, un outil, un argument (que sais-je, moi !), pour aborder des thèmes importants de la vie réelle (IRL, merci Khaos !).

Je serai bref sur le film. La réalisation est plus qu’honnête mais sans surprise, et tous les acteurs, sans exception, sont excellents (Tom Hanks est vraiment un prince de l’écran, David Morse, que j’aime beaucoup, est idéal, … bon je ne vais pas tous les faire).
Le film dure 3 heures, ce qui n’est pas rien ; d’un autre côté, pour adapter King, c’est presque un minimum syndical sous peine de dénaturer le roman. Le corps du film (le récit du gardien de prison) est extrêmement fidèle au livre, mais le réalisateur a pris des libertés avec le contexte de la maison de retraite et les réflexions du vieillard … c’est dommage, car ça amène une morale un peu bateau, et la toute fin du film est un peu plate, mais ça n’est pas rédhibitoire.

King met en avant une réflexion sur la peine de mort en présentant des condamnés « humains » ; on ne s’attache pas à leurs crimes, seulement à l’homme devant le châtiment de ses pairs. Et encore. D’après moi, le sujet principal est l’ambivalence des gardiens du bloc des condamnés à mort : ils sont gardiens et bourreaux, et en même temps, d’une humanité sincère, même si elle est nécessaire à la gestion du quartier. Comment peut-on assumer ce « travail » ? Comment se situe t-on dans cette ambiguïté ? Tuer au nom de la société (c’est à dire, sans affects, sans raison personnelle) est-il possible pour un individu normal ? Le colosse permet à King de proposer une réponse à ses personnages.
La question du maton pervers et mauvais est abordée, ainsi que celle du condamné monstrueux. La capacité de King a mettre en avant la psychologie de ses personnages lui permet ici encore d’aborder énormément de facettes de la nature humaine.

En même temps, ne nous leurrons pas. Cela reste une lecture de loisir, pas une thèse de recherche sur la peine de mort. Mais je pense que ma passion des romans (des fictions en général) vient de ce qu’ils permettent souvent aux auteurs de proposer des analyses de la vie réelle très pertinentes et beaucoup plus libérées, du fait de la non-necessité d’une méthodologie de recherche (à part celle du cadre de leur histoire).

Voilà, je suis convaincu de ne pas vous avoir donné envie de lire ce bouquin : ben oui, je ne sais pas parler des choses qui me plaisent; boh aller, regardez le film, pour le moins …
En tout état de cause, si (ou quand) vous avez vu le film et qu’il vous a plu, lisez le livre, votre plaisir sera décuplé. Promis.

Commentaires

1. Le vendredi, mars 10 2006, 11:06 par tsuki_c

je suis entièrement d'accord... ce film vaut le détour ! j'espère avoir le temps de prendre le temps de lire le bouquin un de ces jours ! ;-)

2. Le samedi, mars 11 2006, 23:41 par KannTo

tsuki_c > Il faut, il faut, il faut (je sais, j'ai un argumentaire en béton armé).

Non, sans déconner, si tu as apprécié le film, le livre il est ... pfiou, au moins, quoi ...

Le début et la fin pensés par King sont objectivement mieux, car il y a une identification d'Edgecombe, la "punition" me semble plus terrible ... Et de manière générale, les psychologies sont posées plus finement, même si le réalisateur s'est super bien débrouillé (je pense au personnage de Brutus, qui colle vraiment pile-poil avec l'interprétation de David Morse), et l'empathie ressentie est de fait plus intense. Bref, ça arrache :-)

3. Le mardi, mars 14 2006, 18:48 par tsuki_c

je l'ai ajouté à mes z'envies amazon ;-)

4. Le mercredi, mars 15 2006, 09:14 par KannTo
tsuki_c > Yes, yes, yes, yes, yes !!!! *compteur : 000000001* 8-)
5. Le mercredi, mars 15 2006, 15:13 par Oligone

Ahhh, oui, j'étais aussi devant ma télé à ce moment là... My god, je suis pas vraiment une frappée de télévision et de films (on se demande encore pourquoi j'ai étudié cinéma durant deux ans), mais ce film...c'est différent. Je ne me lasse jamais de le revoir encore et encore. Je n'ai plus qu'à me mettre à lire le livre... Bon goûts en tous cas ^^

Agréable blog =)

6. Le mercredi, mars 15 2006, 15:21 par KannTo

Oligone > Merci beaucoup, de la visite et du mot. :-)
Ah, excuse moi :
Yes, yes, yes, yes, yes !!!! *compteur : 000000002* 8-)